Livre Explorations



Les enfants accueillis à l’IMP souffrent de déficits de communication, notamment verbale. Des carences du langage consécutives à un déficit intellectuel sont observées. Ce déficit résulte d’anomalies neurobiologiques, de troubles psychiques….
    TED, trisomie, accident pré-natal , alcoolisation fœtale, épilepsie, syndrome rare, etc. La liste est longue mais révèle la difficulté à élaborer une prise en charge adaptée à chacun. L’identité d’un individu est de toute façon immensément plus complexe et unique que la définition d’un diagnostic. Toutefois, sans diagnostic et donc sans connaissance des symptômes, obtenir des clefs pour entrer dans un monde de sensations originales est laborieux.
     Certains enfants sont très énigmatiques et les clefs pour tenter de les comprendre sont peu nombreuses. 
     Une part importante de nos échanges sociaux est basée sur le langage articulé, sur les mots. Cette communication nécessite de posséder une richesse lexicale mais aussi d’en comprendre les subtilités, les sens cachés, les pièges, les registres. Sa maîtrise est complexe.
     La création d’un atelier d’Art Plastique à l’IMP est un projet innovant. Cet atelier pro-pose une alternative à la communication verbale. L’expression plastique peut être aussi riche et nuancée mais elle est, chez certaines personnes, plus spontanée, moins codée. Plus universelle aussi, elle facilite les échanges entre des origines culturelles différentes, qu’elles soient ethniques ou sociales. Elle apporte des solutions originales pour  prendre en compte les différences liées au handicap. Les Arts Plastiques procurent de l’émotion en stimulant les sens. Ils sont intuitifs. Ils dévoilent tous leurs bienfaits quand les enfants de l’institut s’en saisissent, l’exploitent comme véritable outil d’expression pour partager leur perception du monde.
     Des séances en groupe restreint offrent un espace de pause pour quelques enfants dont le besoin de s’extraire de la vie collective doit être respecté. Ils s’y ressourcent. L’aménagement de lieux qui respectent ce besoin de solitude, d’intimité étant techniquement difficiles à mettre en place dans tout établissement éducatif, les prises en charge quasi individuelles de l’atelier sont conçues pour prévenir certaines situations de crise et réguler des comportements inadaptés, hyperactivité, violence, hypotonie, etc. Ces séances facilitent aussi l’expression d’enfants qui traduisent leur mal-être par l’effacement, le repli.
     
     L’atelier propose des solutions mais il n’a pas vocation à être un espace de soins. Sa fonction n’est pas thérapeutique. Malgré des bienfaits évidents générés par ses qualités intrinsèques, il est un espace de communication et d’expérimentation, hors protocole. 
Les bénéfices ne sont que des conséquences heureuses. En adoptant fondamentalement une démarche d’observation et d’imagination, la pratique des Arts plastiques ne soigne pas, elle permet de mieux se révéler, de connaître et de s’approprier le monde. En grec, l’imagination se dit « phantasia » et désigne l’apparition, la faculté de se représenter. Le mot grec a donné « phantasme » en français, une production de l’imaginaire qui permet au « moi » de transcender  la réalité. « Imago », en latin, désigne une représentation, un portrait.
    
   L’atelier a l’ambition de créer des œuvres d’Art originales et autonomes et de permettre aux enfants de développer un esprit critique dans une culture de l’image, symbole de notre société contemporaine. L’enjeu est rigoureusement esthétique et désamorce dans son sillage des problématiques intimes. La définition même de la créativité décrit la capacité à découvrir une solution originale à un problème.
     Les enfants peuvent exprimer librement leurs compulsions, leurs stéréotypies dans un espace identifié et encadré. Cet espace peut être calme et enveloppant mais peut aussi provoquer des chocs violents pour l’enfant, bousculé par ses prises de conscience. Tout comme un miroir, la création artistique réfléchit des pulsions, des frustrations difficiles à assumer. Mais ces déclics, malgré leur frontalité, sont indispensables pour franchir des étapes, pour grandir et progresser dans la maîtrise et l’acceptation de soi.
    L’ouverture sur le monde extérieur est aussi un objectif essentiel de cet atelier. S’exposer, se montrer aux autres finalise le processus créatif. Des expositions ont eu lieu dans les autres établissements de la Ligue Havraise mais aussi, et surtout, dans des écoles primaires, au Musée Malraux, dans une maison de retraite. Des rencontres avec des artistes, des visites culturelles ont renforcé encore cette volonté d’ouverture. Avec le travail présenté dans ce livre, les enfants peuvent légitimement éprouver des sentiments d’orgueil et de fierté. 
    Toutes ces oeuvres sont nées d’une pure démarche de création, elles relèvent de l’improvisation. Le tâtonnement permet l’émergence d’idées non anticipées. L’ouverture offerte par l’expérimentation rend possible la découverte. Le sens qui se dégage de ces oeuvres n’est pas déterminé à priori. Il émerge et s’affine de lui-même par la manipulation et laisse le champ libre à l’exploration. La découverte, c’est implicite, impose d’aller vers l’inconnu, de sortir d’un cadre balisé.
Dans “L’espace prend la forme de mon regard”, l’astrophysicien Hubert Reeves, avec la bonhomie qui le caractérise, dit: “Pour explorer le champ des possibles, le bricolage est la méthode la plus efficace.”

(Extrait du texte d'introduction du livre)







                                                             

Impression Offset / 156 pages couleur.
20€
ISBN: 978-2-7466-1619-6

Renseignements: mirsa.pepence@free.fr















Nous souhaitons remercier:

L’équipe pédagogique, éducative, administrative et technique de l’IMP L’Espérance qui accueille toutes ces petites mains couvertes de peinture avec la volonté de voir la création artistique occuper une place essentielle dans l’établissement.
Cyrille Boscher, Gaëlle Manach, Kévin Fleury, Elsa Simiriotis, Antoine Crenn et Anthony Hébert pour leur accueil au sein des ateliers “Voskhod” et pour les animations qu’ils nous ont proposées.
L’Ecole d’Art du Havre pour les visites d’expositions et d’ateliers guidées par les étudiants.
Le Muséum d’Histoire Naturelle du Havre pour la création du magnifique cabinet des dessins de Charles-Alexandre Lesueur.
Merci aux parents qui nous ont accordé leur confiance en autorisant la diffusion de l’image de leurs enfants.

Crédit photographique, conception graphique, texte et mise en page: 
Quentin Pérochon.

La conviction de chacun sur l’intérêt des ateliers en arts plastiques, l’accompagnement de cette démarche dans les différentes activités proposées en lien avec l’atelier, associés à la confiance et à la collaboration des familles, ont été des atouts déterminants dans la réalisation de ce projet qui ne fait que commencer...





Quelques pages extraites du livre: